Bienvenue sur La vie, une poésie

Ici, vous trouverez des textes, inspirés de la vie, de mes ami(e)s et qui sait, de vous aussi.

Tantôt inspirants, là-bas accueillants, aujourd'hui éclairants et de loin captivants, j'espère que ces mots du cœur sauront vous plaire.

Au gré de la vie, les écrits sont à la fois un exutoire et un miroir. Selon ce que l'on vit, les textes sont doux, directs, subtils, frappants, vibrants, rythmés.

J'écris pour écrire. Et écrire est un plaisir. J'espère que votre plaisir de lire s'y retrouvera sans coup férir.

Yvan

vendredi 28 mars 2014

LES SALTIMBANQUES DU NUMÉRIQUE TOUT UN NUM-HÉROS !



LES SALTIMBANQUES DU NUMÉRIQUE
TOUT UN NUM-HÉROS !



 http://www.youtube.com/watch?v=7ddP99nL9zI


Il y a déjà deux bonnes semaines que je m’éveille un peu avant l’aube, signe que le printemps est à nos portes. Non pas que je sois stressé. Simplement, mon corps ressent l’appel de la nature.


Depuis de nombreuses années, dans les jours qui précèdent l’arrivée officielle du printemps, je remarque que mon horloge biologique devance légèrement l’horloge astronomique et bien davantage l’horloge analogique. Ainsi, je me réveille avant que la lumière du jour se fasse insistante à la fenêtre de la chambre. Côté réveille-matin, le changement à l’heure avancée (heure d’été) n’aura lieu que dans quelques semaines. Pourtant, j’ai les yeux grands ouverts. Je me sens reposé, disposé à me lever et à entreprendre une autre journée. 


À l’écoute de mon corps, ces doux moments de transition m’offrent du temps pour faire le point sur les événements qui auront tôt fait de bousculer l’horaire de la journée. Rendez-vous, imprévus, tâches à réaliser, étude, devoirs, entraînement, ami(e)s… Sans les réviser dans un ordre particulier, ils ont tous leur importance, façonnant, rythmant à leur manière une journée qui s’annonce, comme toujours, tumultueuse, heureuse, bien remplie. 


Loin d’être seul dans cette situation, les oiseaux s’activent eux aussi à l’extérieur. Dans la haie on piaille et on zinzinule à qui mieux mieux, signes d’une fébrilité certaine. L’air n’est pas en reste jouant du vent dans les rideaux comme d’un instrument dans les oreilles. Ici, doux bruissements annonçant une journée particulièrement douce pour ce moment de l’année. Là, une gouttière se prend pour un pipeau et joue de l’eau comme un ruisseau. À ce rythme, avant longtemps les signes de ce rude hiver ne seront que souvenirs.


Comme en font foi les volatiles, indéniablement, je ne suis pas seul dans cette situation. Combien sommes-nous à la vivre? Depuis combien de printemps? Avant, bien avant le réveille-matin, outil né de la technologie et de ce besoin irrépressible chez l’Homme de mesurer et d’indiquer le temps, c’est le rythme naturel des astres et des saisons qui guidaient nos actions, nos pulsions. 


L’approche de l’équinoxe du printemps annonce depuis des temps immémoriaux la préparation aux semis, l’appel des grandes migrations. Le moment où l’obscurité bascule au profit de la luminosité, cette lumière qui veille à égayer nos sens, à stimuler idées et activités. Si je n’écoute que mon corps, j’ai le goût de sortir de bouger, de jogger.


Pulsion par laquelle je me laisse porter. Une bouchée, une gorgée et quelques exercices d'échauffement plus tard, me voici à l’extérieur, près à courir mon cinq kilomètres matinal. Au gré des pas, la réflexion matinalement entreprise se poursuit et elle me dit que nos ancêtres médiévaux ne courraient certainement pas pour le plaisir, mais devaient utiliser leurs jambes pour fuir, se déplacer, en fonction de besoins précis, autrement plus primaires que les nôtres. Pour survivre, se nourrir, mais aussi pour se réunir, s’entraider et pourquoi pas, jouer, célébrer, danser. Au passage, je salue un autre coureur. Au loin, les couleurs du jour se font plus pastel, moins intenses. Signe que l’astre du jour a maintenant franchi la ligne d’horizon. Quelques pas devant moi, d’autres coureurs/coureuses qui semblent aller au même rendez-vous que moi. Vers la santé, la forme, le bonheur.


En fin de parcours, les étirements font aussi partie du rituel. Je songe aux bienfaits de ces précieuses petites actions. Athlètes de haut niveau, astronautes, artistes de la piste, tous doivent s’y astreindre afin d’aider leur corps à être une machine optimale. Pas trop pire, je suis encore souple. C’est sans commune mesure avec ces contorsionnistes qui ne cessent de nous impressionner.


Songe plus intense malgré mon évident état d’éveil. Mais où ai-je la tête ce matin? Temps et espace semblent se jouer de moi. Comme si d’habitude il n’en était rien. Médiévaux et contemporains par monts et par vaux, la plupart d’entre eux devaient se rendre au bourg, au château, au village, comme nous vers la ville, presque par instinct. Guidés par la lumière nouvelle du printemps, par la rumeur de l’agglomération au loin, par les sons musicaux et la fièvre festive qui s’en dégagent. Aussi, par besoin de se rencontrer, de prendre des nouvelles des autres, de se taquiner et de jouer. De partager nos rêveries et nos idées d’un monde meilleur, concoctées au pied du foyer. Je me remémore tout à coup ces quelques vers si à propos.

« Hiver,
Temps de cumuls, temps de reculs, temps de reclus,
Temps d’accumulations, temps de méditations, tant de préparations.
Printemps, temps des princes,
Des idées grandissantes au grand jour, aux jours grandissants.
On ne peut grandir sans.
Sans les idées de nos futurs. Sang des idées pour le futur. »

La succession des saisons et tout particulièrement cette transition d’une à l’autre amène vraiment une fièvre stimulante. On a envie de jouer des mots, de faire virevolter les idées, de surprendre l’autre, de personne à personne et par nos outils numériques interposés. De les faire interagir, de se mesurer et de s’entraider. De coopérer, de compétitionner.


Meneurs d’aujourd’hui, accompagnateurs de l’avenir en devenir, ce printemps, signe tangible de renouveau, nous interpelle et nous dit à mots doux, subtiles et intenses, presque impératifs, qu’on se doit d’aménager le temps et l’espace pour que les idées d’aujourd’hui forment le concret de demain. Hier, les sages des environs se réunissaient aux pieds des contreforts de la ville avant d’y être admis. Aujourd’hui, ils sont côtoyés de ceux qui, nés avec la technologie, voient pensent et vivent le monde autrement. Indéniablement, ils sont omniprésents. Prenant à contrepied les contreforts de cette ère, ils y entrent de plain-pied au sens fort. 


Belle occasion pour les meneurs d'aujourd'hui de momentanément tirer leur révérence au profit de la référence de demain. Que serait un univers à la hauteur de ces auteurs du numérique? Fait de l’essentiel pour être pleinement stimulés, de réel et de numérique pour être avantageusement déséquilibrés cognitivement et intellectuellement, tel le déséquilibre insécurisant, mais tellement grisant, qui force les premiers pas en avant des tous petits? Une acrobatie en soit. Puis une autre, encore et encore. Pas à pas dans un conflit perpétuel, devenant progressivement amalgame, entre l’équilibre et le déséquilibre, entre la stabilité et le désir d’avancer. Confort et zone proximale de développement se succèdent à un rythme fou, où rien n’est évident, mais tellement invitant. Où il faut puiser dans ses ressources et celles d’autrui pour créer la force nécessaire pour progresser, en incorporant harmonieusement la quintessence de soi et de l’autre.


Inspirés des arts martiaux, les acrobates, équilibristes, danseurs, artistes et contorsionnistes, le sont dans leurs idées, tout comme en piste. Le déséquilibre calculé, le transfert de poids transformé en une force d'impulsion payante, base sur laquelle ils vont construire, mixer de nouvelles idées, pour un nouveau mouvement plus osé. À leur manière, à leur échelle, ils franchissent les murs, dépassent les limites, passent outre les idées établies, préconçues. Ils veulent créer un monde à leur image, jeune, vif, simple, articulé, fort, souple, particulier, inclusif respectueux, vrai, mais aussi numérique. Un monde où les idées sont à la fois mises en commun virtuellement et réellement, confrontées et valorisées, d’abord à titre d’initiatives individuelles, puis de contribution collective. En ayant une poussée réflexive individuelle, on développe plus rapidement des choses en se disant qu’un jour, elles seront nécessairement intégrées à une action plus vaste et commune qui va plus loin pour le bien de tous. Une idée marginale, décalée, aura l’avantage de remettre en questions les bases reconnues. C’est sain et nécessaire dans un processus de créativité et de renouvellement. Ainsi va la réflexion individuelle axée sur le progrès de la communauté, la collectivité. Un travail de concert contribuant à l’avancement d’un projet commun. À tour de rôle et dans l’entraide d’un ballet dynamique et aérien, tantôt ils fendront l’air, s’appuieront dessus en d’autres temps, optimisant l’énergie au profit de tous. Gracieusement et avec souplesse, avec force et agilité, synchrones et coopératifs, ils iront à la rencontre de l’autre, anxieux de relever les défis qui les attendent. Familles et écoles en sont les sources, la Tohu et Zone 01 en sont les creusets.
 

Tout à coup, nous levons les yeux au zénith, le regard attiré par ce bruit printanier d’une volée d’oies de retour du Sud. Cacardant, elles semblent d’accord avec nous, joignant le geste à la parole depuis des milliers de kilomètres, nous replongeant à qui mieux mieux dans nos songes…

Yvan

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